La Spécificité technique du Qwan Ki Do
En raison de sa double origine, le Qwan Ki Do présente une grande richesse technique.
On trouve dans le programme de cette méthode : les attaques de poing, de pied, les blocages, les projections, les techniques de préhension et de percutions communes à tous les arts martiaux. Mais l’originalité du Qwan Ki Do réside sur l’application de deux principes :
La Théorie de l’approche Thuật Cận Chiến.
Principe des Polarités : Âm & Duong ou Cương Nhu Tương Thôi l’harmonie incessante entre la force et la souplesse.
Issue d’un vieux manuscrit sur l’art guerrier vietnamien du temps jadis, « Dĩ đoản thắng trường – Dĩ nhu thắng cương » cette théorie privilégie la mobilité, les mouvements de souplesse, de circulaire, la vitesse des techniques furtives, diverses techniques de déplacements et l’ultime frappe puissante en finalité.
Concrètement, elle se traduit :
Lors de l’attaque, par des déplacements furtifs, souvent imperceptibles accompagnés de techniques de mains visant à abaisser le niveau de vigilance de l’adversaire ( ex : Vĩ Thủ Khai Công).
Lors de la contre-attaque, par la réception de l’attaque en utilisant des techniques furtive pour tromper la vigilance de l’attaquant puis de l’infliger par surprise les attaques finales.
Le pratiquant dispose alors de tout un éventail de techniques de poings, de pieds, de balayages, de projection, de saisie et d’immobilisation lui autorisant une conclusion rapide de son attaque.
Terminologies du Qwan Ki Do, une structure culturelle :
En Asie (Chine, Corée, Japon, Viêt-Nam), les arts martiaux ont toujours conservé, depuis fort longtemps, leurs propres caractéristiques techniques concordant ainsi avec l’esprit des Grands Maîtres qui ont contribué à leur élaboration et à leur structuration. Le phénomène mental de ces Grands Maîtres est influencé par la culture du peuple qui imprègne, progressivement, l’évolution technique de leur gestuelle, de telle façon que le langage et les gestes se concrétisent à une entité tout à fait originale pour en faire une tradition.
Toutes ces appellations, qui désignent une technique martiale, prennent forme dans cette tradition ancestrale à travers les langages populaires ou intellectuels. Elles ont également subi, comme l’histoire du peuple, leurs transformations. Elles ont évolué ainsi au-delà de tous ces événements, pour parvenir à ces codifications qui, émanant d’une image gestuelle et d’une sorte de poésie de langage, facilitent ainsi, non seulement la mémorisation, mais aussi l’imagination du geste martiale. C’est une véritable richesse archéologique qui se perpétue depuis le passé pour parvenir à nos jours.
Tous ces procédés employés sont culturellement symbolisés par des légendes, des dictons du pays, des croyances, des génies, des héros guerriers, des animaux réels ou mythiques…
Il est cependant difficile de transcrire, à la manière occidentale, ces terminologies asiatiques pour créer une équivalence qui résulterait uniquement des différents concepts culturels de ces deux civilisations. Il est certain qu’il faut vivre une culture pour en saisir et comprendre toutes les finesses. Ces approches de traduction ne sont autres qu’une réelle interprétation afin de permettre la compréhension de la culture asiatique.
Les terminologies peuvent varier d’une Méthode à une autre. Si on peut cependant constater certaines ressemblances, l’application en est complètement controversée. Conscient de cette richesse, certains pays comme la Chine, ont procédé, depuis une quarantaine d’années, à l’élaboration des terminologies martiales, afin de les simplifier et de les unifier pour en faire une véritable institution.
Le Qwan Ki Do est une composante de deux courants d’arts martiaux et est issue de plusieurs méthodes, possédant une homogénéité de terminologies. Il est très complexe d’en effectuer un choix car l’avantage de l’abondance de ces terminologies nécessite un tri sévère qui prendra soin de ne pas altérer cette richesse due à la pluralité.
Si aujourd’hui, la priorité à l’élaboration et la concrétisation des terminologies propre au Qwan Ki Do s’avère primordiale, ce n’est pas uniquement pour son développement au niveau mondial, mais aussi pour répondre à une structuration technique adaptable à l’ensemble de son programme d’enseignement et justifier ainsi sa richesse ainsi que son évolution dans le monde des arts martiaux vietnamiens d’aujourd’hui.
A l’heure actuelle le Founder Office du Qwan Ki Do a pu classer les 208 terminologies, à savoir :
Thập Lục « Bộ Pháp Căn Bản» ou 16 noms des postures de base
Nhị Thập Ngũ “Thân Pháp Căn Bản ” ou 25 noms des techniques de déplacements de base
Nhị Thập Tam « Bộ Thôi Sơn » ou 23 noms des techniques de poings
Thập Nhị « Bộ Song Sơn » ou 12 noms des techniques « Doubles coups de poings »
Thập Thất « Bộ Cương Đao » ou 17 noms des techniques de « Tranchant de mains »
Cửu « Bộ Hùng Chưởng » ou 9 noms des techniques de « Paumes de mains »
Cửu « Bộ Thủ Chỉ » ou 9 noms des techniques des « extrémités des doigts »
Thập Tam « Bộ Tầm Thâu » ou 13 noms des techniques de « saisies de mains et griffes »
Bát « Bộ Trửu » ou Phượng Dực ou 8 noms des techniques de coudes
Cửu « Bộ Công Thủ » ou 9 noms des techniques de blocages
Tứ Thập « Bộ Cước Pháp và Đội Độc » ou 40 noms des techniques de coup de pieds et de genoux
Thập « Bộ Liên Hoàn Cước » ou 10 noms des séries d’enchaînements des coups de pieds
Thập Tứ « Bộ Cung Thủ Phản Biến » ou 14 noms des enchaînements de blocages
Tam « Bộ Quyền Cước Song Đôi » ou 3 noms des séries d’enchaînements 2 à 2.
Les techniques animaux ou zoomorphes dans le Qwan ki do
Dans les arts martiaux traditionnels asiatiques figurent un nombre important de techniques, de systèmes de combat ou d’entrainement faisant référence au règne animal. Ces attitudes, positions ou mouvements visent à reproduire ceux adoptés pour les animaux afin d’être en mesure d’apporter des réponses appropriées à des situations de combat, donc de survie.
L’humain s’étant peu à peu détaché des cycles de la nature, s’il possède encore au fond de lui un instinct de survie, le confort, la civilisation ont estompé certaines de ses réactions naturelles.
A travers l’incessante lutte pour la sauvegarde de leur vie, les animaux ont donc été des sources d’inspiration de premier choix pour les combattants des temps anciens. L’observation minutieuse des techniques des prédateurs, des parades de leurs proies, ont donné naissance à des gestes adaptés à la morphologie humaine, ces techniques étant connues sous le terme de zoomorphisme.
La multitude d’espèces animales a généré un très grand nombre de systèmes de combats dont certains se sont spécialisés dans un registre particulier et ont donné naissance à des styles majeurs : le tigre, la grue, le singe, le serpent, la mante religieuse, etc. Ces animaux sont communs à la plupart des écoles traditionnelles, et leur imitation par l’humain semble reposer sur des raisons assez évidentes.
Cependant le bestiaire présent dans les arts martiaux est beaucoup plus étendu et quelque fois même surprenant. En somme, toutes les espèces pouvant être mises à contribution l’ont été : abeille, anguille, buffle, canard, chat, cheval, crabe, hirondelle, moineau, papillon, vautour, … cette liste ne se prétendant en aucun cas exhaustive. De plus, dans chaque espèce se trouve des sous catégories, par exemple chez les félins ont trouve le tigre, le lynx, le léopard des neiges, le lion, la panthère… Chez les primates figurent l’orang outan, le gibbon, etc. car chacune de ces espèces possèdent une caractéristique et une capacité spécifique que ne possède pas forcement l’une de ses cousines et qui se traduit par une application technique particulière pour l’humain.
La diversité des techniques zoomorphiques tient en partie au fait que les recherches menées l’ont été pendant de multiples générations, et dans des zones géographiques n’ayant par nécessairement de contacts entre elles à l’origine. Par exemple il existe deux styles de la mante religieuse ayant généré chacune un système de combat très différent l’un de l’autre, et ce quasiment au même moment, l’une au nord de la Chine, l’autre au sud…
Il faut d’autre part réaliser qu’avant l’utilisation de la poudre, les techniques de combat et leur développement étaient aussi importants que ne l’est aujourd’hui la recherche de nouvelles technologies à des fins militaires. Ainsi, à instar d’une course à l’armement s’en est suivie une course à la technique visant à prendre en défaut celle du camp adverse.
Pourtant tous les animaux existant dans les écoles d’arts martiaux n’ont pas forcement de représentants biologiques, comme dans le cas du phénix, de la licorne ou encore du dragon… Car l’animal est aussi un symbole. Ces symboles peuvent tirer leur origine de la mythologie comme de la découverte de fossiles, néanmoins, l’animal en question est bien vivant dans l’esprit des peuples asiatiques et dans leur culture.
Si l’on considère que les formes de vie existant actuellement sur terre sont le fruit d’une expérience du vivant, alors l’humain est susceptible de capitaliser en lui, de façon inconsciente, une partie des facultés que possèdent les espèces qui l’on précédé. Cela est même devenu une évidence pour la science contemporaine qui parle de cerveau « reptilien », ou « mammifère » au sujet de l’homme. On retrouve l’illustration de ce phénomène à travers l’étude du fœtus qui dans les premières périodes de sa gestation est similaire à celui des poissons, puis des reptiles, etc.
Selon la science traditionnelle asiatique, le corps est énergie avant d’être matière, et l’humain possède des animalités, des énergies de nature animales, qui produisent des formes de comportement ou de réaction, qui lorsque la survie est en jeu, prennent le pas sur les schémas de fonctionnement habituels. L’entretien de l’énergie a été développé aussi bien à des fins martiales que sanitaire en Asie, à travers le Qi Gong. Le Qi Gong lui aussi aborde la dimension animale d’une manière quasi identique à celle des arts martiaux, mais avec simplement une recherche du renforcement de la vitalité du pratiquant.
En plus du symbole, à travers l’animal on peut retrouver une dimension psychologique, certaines méthodes étant adaptées à un tempérament donné, ainsi qu’à une morphologie correspondante. La multiplicité de style permet alors de répondre aux besoins de chacun et d’optimiser ses facultés.
L’animal dans sa dimension symbolique devient un outil pédagogique sans équivalent, en particulier dans une société où l’alphabétisme ne concerne qu’une minorité de personnes. Sans avoir recours à de longues ou laborieuses explications, l’image associée à l’animal parle d’elle-même, ce qui du même coup permet d’instruire les plus jeunes et de commencer au plus tôt leur apprentissage. Connaissant les facultés d’assimilation, d’adaptation et la grande plasticité des enfants, une méthode mise à leur portée engendrera des pratiquants dont la dextérité sera probablement très développée quelques années plus tard.
Toutes ces raisons font que le zoomorphisme a été intégré dans les arts martiaux, et en particulier dans le Qwan Ki Do. La pluralité des écoles synthétisées dans cette méthode a contribué à apporter un très vaste panel de techniques zoomorphes. On peut ainsi retrouver plusieurs méthodes zoomorphes d’un même animal originaires de régions différentes (Womeï, Henan, etc.)
L’un des apports en techniques zoomorphes pour le Qwan Ki Do provient de l’héritage transmit par l’intermédiaire de l’ethnie des « Hakka », peuple nomade de la Chine, réputé pour ses qualités combattantes. Lors de leurs pérégrinations, les Hakka exerçaient un rôle de convoyeurs chargés d’escorter les caravanes le long de la route de la soie. Cette activité leur donna l’occasion de se confronter à toutes sortes de méthodes de combat et d’en intégrer certaines d’entre elles, y compris certaines qui sont zoomorphes, en plus du fruit de leurs propres recherches.
Ainsi, ce savoir séculaire, est désormais adapté et rénové par Thày PHAM Xuân Tong, au profit des pratiquants de Qwan Ki Do du monde entier.
En général, dans le programme du Qwan Ki Do, on trouve principalement les techniques du Singe « Hâu », les techniques du Tigre « Hổ », les techniques des serpents « Xà », les techniques de la mante religieuse « Đường Lang », les techniques du Dragon « Long », les techniques de l’ours « Hùng ». D’ailleurs on trouve également d’autres formes de techniques zoomorphes dans la pratique des « Quyên’s antiques » telles que les techniques du corbeau « Quạ Ô », les techniques du sorpion « Cáp Ma », les techniques du Phoenix « Phuợng », les techniques du cerf « Sơn Dương », les techniques de l’oie « Áp Hình »…
Les gestes zoomorphes utilisés dans les compétitions techniques des « Quyên » lors des Championnats Internationaux :
Thảo Quyền : Enchaînements codifiés
La pratique d'enchaînements codifiés est très ancienne et apparaît dès l'origine des Arts Martiaux. Perçu par le profane comme une suite de mouvements saccadés, de gestes incompréhensibles, ou bien même comme un mime, le Thảo Quyền constitue en fait l'élément primordial définissant un véritable style ou une authentique école.
Message codé, le Thảo Quyền détient une partie des principes de la méthode étudiée. La totalité de ces enchaînements souvent hermétiques constitue les archives d'une école et leur codification garantit ainsi l'héritage technique qui, jusqu'à ces dernières années, n'était transmis qu'à un nombre restreint de privilégiés.
A l'origine, les Thảo Quyền étaient enseignés et mémorisés à l'aide d'historiettes (CT Bộ Pháp Quyền le CT Enfants N°1) ou de poèmes chantés faciles à retenir qui améliorent ainsi leur accessibilité aux initiés qui en détenaient la clef. En effet, la même technique pouvait être évoquée sous un vocable différent selon le Thảo Quyền...
Leur traduction poétique présentant de grandes difficultés, le pratiquant occidental doit lui même trouver des procédés mémo-techniques pour faciliter leur acquisition et leur mémorisation d'autant plus que, contrairement aux Thảo Quyền de base, les Thao Quyền antique ne sont enseignés qu'à l'occasion de cours personnalisés et oraux et ne bénéficient d'aucun support écrit ou visuel: cahier technique ou cassette vidéo.
Le Thảo Quyền est également considéré comme une histoire avec un début et une fin (Ces deux points se confondant géographiquement). Impénétrable pour le pratiquant isolé, il peut délivrer quantité d'informations avec le soutien d'un professeur qualifié. De plus, selon le degré de connaissances, il présente plusieurs niveaux de lecture enrichissant le pratiquant d'interprétation nouvelle.
Pour optimiser la connaissance profonde du Thao Quyên, le pratiquant doit traverser plusieurs étapes :
1- Nhập Môn : du débutant au 1er Dang (étape de la découverte et de l’apprentissage des positions, des gestuelles élémentaires, des enchaînements qui nécessite une adaptation d’automatisme à la technique codifiée).
2- Trung Môn : du 1er au 4ème Dang (étape de la découverte des applications à travers la codification, c’est aussi l’étape ou le pratiquant confirmé a tendance à homogénéiser les applications à la technique codifiée. La connaissance des applications de « Nội Đan » du « Cương Dịch Cân » doit être utilisée comme un support bénéfique pour approfondir et améliorer l’exécution des Thảo Quyền).
3- Đại Môn : du 4ème Dang et au dessus. (étape la plus longue du perfectionnement et de recherche sur le biorythme, sur le « Nhu Dịch Cân » et sur l’adaptation au langage codé ou zoomorphe des Thảo Quyền, mais aussi pour d’autres éléments de l’entretien corporel « adaptations au 5 éléments Ngũ Hành » et du « Bát Quái » ou soutenu énergétiquement par le « Điều Tức exercices respiratoires » ).
Toutes ces étapes pourraient induire à l’erreur un profane qui imagine que ces Thảo Quyền ont souvent été soumis à des variations ou des subites modifications!
Dans le Qwan Ki Do, les Quyền sont répartis en différents domaines. Chaque domaine correspond à une progression spécifique sur les exercices gestuels qui grâce aux entraînements assidus, favorise les automatismes. Nous pouvons distinguer pour l’instant ces domaines :
Thảo Quyền Tiểu Môn (enchaînements codifiés de base : Les 7 Quyên Quan Ky)
Thảo Quyền Đại Môn (enchaînements codifiés des Quyền antiques et des Quyền Đặc Dị)
Une des particularités dans la pratique des Quyền au Qwan Ki Do :
Ces Quyền pourront être exercé en solitaire comme la plupart des pratiques de Quyền dans les arts martiaux.
Cependant au Qwan Ki Do, chacun de ces Quyền s’exercent 2 à 2 ou en « Ðối Luyện », avec un partenaire en face, y compris dans la pratique des Quyên du Cổ Võ Đạo.
Une Phase du Quyền « Quan Kỳ Năm » sous la conduite de Giám Sư Covaci Ovidiu 7ème Dang